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KEV2-1 2014, Julie Descheneaux - toute une expérience

7h15. La cadran sonne. Non, je ne travaille pas aujourd’hui, mais l’inscription pour le KEV2 est permis depuis 15 minutes. Aussi bien dire que je suis déjà en retard.

J’avais cette envie folle et insouciante (inconsciente?!) de m’inscrire à ce cours du KEV2; même une  passion incontrôlée pour un sport que pourtant je n’avais jamais pratiqué. Pas de kayak de mer dans mon cv. Pas de canot. Niete. Peut-être bien une fois ou deux de la chaloupe pour de la pêche au chalet de ma marraine quand j’étais gamine. Et même encore, ce devait être un rêve d’enfants.

Pourtant je pouvais passer 10 min devant les kayaks lorsque je magasinais à la MEC, sans trop savoir pourquoi. « Avez-vous besoin d’aide, madame? Non merci, c’est très gentil je fais juste regarder ».

Aussi bien dire la vérité, je connaissais absolument rien au kayak et pas plus aux sports d’eau vive. Je savais seulement qu’il fallait que j’essaie. Et je ressentais surtout que plus j’essayais, plus j’avais envie de recommencer. Même en piscine : j’avais cette énergie qui ne voulait plus partir à la fin de la séance.

Alors qu’à cela ne tienne, à 7h20 j’étais inscrite. Y paraît que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent de bonne heure et c’est ce que je me suis dit en m’inscrivant machinalement ce samedi matin-là, sans me poser davantage de questions.

J’étais loin de me douter qu’étant donné mon horaire, m’inscrire au KEV2 voulait aussi dire me lever à 5h15 le matin même du cours. Ouf! Mais pas question d’être en retard! Et étant donné mes habitudes de tortue, vaut mieux se prendre de l’avance. Y paraît que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent de bonne heure : right!

Derrière vérification dans la voiture pour être certaine que tout y est et hop! On part chercher le co-voitureur, le seul de mon cours de piscine qui a eu le courage de s’inscrire à nouveau (durant ma fin de semaine), mais cette fois-ci pour braver les « vraies » vagues, celles de l’eau vive du KEV2.

Mais où diable sont tous les autres qui étaient dans mon cours de piscine? Je m’imagine à penser qu’ils n’ont pas voulu/pu investir autant pour un cours en rivière (et je me surprends à penser à une possible campagne de levée de fonds que le club pourrait faire… …ouin, je suis de même moi…). Scénario B : y’ont juste choké. Mais j’essaie de chasser cette pensée et j’espère que c’est juste une question d’argent puisque si c’est une question de courage, j’ai bien l’impression que je vais être perdante au change.

À quoi ai-je pensé? Suis-je vraiment inscrite? Ai-je vraiment le courage de descendre une rivière? Suis-je capable?
Voilà, le stress monte, entremêlé d’une fatigue inouïe et d’une fébrilité extrême à voir qui seront de la partie et quelle sera l’ambiance. Puis il redescend question de se concentrer sur la route et l’adresse exacte de mon co-voitureur. Une étape à la fois.

La matinée du cours commence et vite les craintes vont se dissiper étant donné l’ambiance chaleureuse et le respect des limites de tous et chacun. Tout est fait pour qu’on se sente à l’aise d’essayer de repousser nos propres limites dans un environnement sécuritaire et collégial. C’est en pagayant qu’on devient kayakiste et c’est une occasion unique de le faire avec des moniteurs expérimentés et des « helpeurs » solidaires qui viennent vous reccueillir lorsque vous manquez votre coup.

Dans le fond, soyons honnête, la pire étape de la fin de semaine, ce n’est même pas quand vous allez apprendre que c’est le moment de braver le rapide familial – quoique j’avoue m’être esclamé « quoi? Maintenant? Déjà? » . Le pire moment de la  fin de semaine, c’est quand il faut (re)mettre son wetsuit. C’était si simple dans la cabine d’essayage… Ici : manque d’espace : check. Humidité / mouille de la veille : check.  Sable, agrémenté parfois de quelques limaces : check. 

Alors si vous débutez, laissez-moi vous donner quelques conseils pour éviter les erreurs des wanna be kayakiste. De un, pensez pas que vous aurez vraiment faim sur l’heure du dîner. Oui vous mangerez, mais oubliez pas qu’il faut repartir (et rentrer dans son wetsuit) Tant qu’à moi, vaut mieux prévoir quelques collations qu’un gros dîner, surtout si vous prévoyez nager. De deux, vous devez prévoir nager lorsque vous ne maîtrisez pas votre esquimautage en eau vive, donc aussi bien dire que vous prévoyez nager, même pour les meilleurs d’entre vous. De trois, inutile d’acheter une caisse de douze (bières), vous serez brûlé à 9h le soir. De quatre, ne soyez pas gêné d’arriver le vendredi soir puisque non seulement vous allez avoir les meilleurs spots pour les tentes mais en plus vous allez vite vous sentir accueilli par la joyeuse bande de lurons du club.

Vous allez rencontrer ici toute sorte de monde, de 15 à 75 ans. Des complètements fous qui vous épateront par la tenacité de leur esquimautage à répétition. Des plus rationnels qui ont une approche axée sur l’évaluation de la situation selon la gestion de leur capacité et de leur énergie. Puis ceux qui sont séduit par la vague, mi-gêné? Mi-balladeux, mais très déterminé à continuer d’apprendre et à pousser leurs limites.
Il y aura aussi toutes sortes de moniteurs passionnés qui se donneront à cœur joie de rire de votre courage sans talents, de vos skills en développement ou de vos erreurs de débutants… Leur patience et leur disponibilité est impressionnante. Leur joie de vive et leur passion de l’eau sont contagieuses.

Au bout du compte, vous serez surtout complètement ébahis par le courage qu’il y a en chacun de nous. Nous avons tous et toutes vaincu et dépassé des peurs qui nous habitaient, qui nous angoissaient ou qui parfois qui nous faisaient être les meilleurs. Nous avons tous et toutes gagné quelque chose d’incalculable : le respect de la vague.

De ces 4 jours passés avec les gens du club, je me souviendrai surtout :

  • du café au lait d’Armelle préparé avec amour un dimanche matin avec l’équipement de camping. Impressionnant!
  • des 4 tentatives d’esquimautage de suite de Khalid. Respect.
  • de la détermination de Nathalie, Geneviève et Richard. Respect au carré.
  • des cliniques de Roger. Pas pour le contenu mais à cause des blagues 18 ans et +
  • de Alain qui met son wetsuit à l’envers. Merci de l’avoir fait avant moi, ça m’a permis d’être plus vigilante.
  • de l’amour inconditionnel entre Benoît et Phil.
  • que ce sport dit « extrême » pour plusieurs peut se pratiquer en famille. Trop génial de voir les familles avec nous!
  • de la cuisine créative et inimaginable de Sébastien. Merci à ta famille qui t’a mis de la pression pour que tu reviennes la 2e fin de semaine ;)
  • que je dois une bière ou une crème glacée à Alex et Dave pour votre remorquage si gentil (oui oui, je m’en rappelle…!)

Je me souviendrai de tous ceux qui maintenant ne savent plus comment gérer leur agenda parce que la rivière les appelle à toutes les fins de semaine alors que ce dernier était, comme moi, déjà fort rempli par la pratique de d’autres sports. J’espère surtout vous revoir bientôt. Nos sourires en fins de journée me garantissent que ce sera le cas ;)

Julie