Festival de la haute Gatineau 2014

Je vous invite à prendre confortablement place dans vos chaises pour nous suivre dans le cœur  de l’édition 2014 du Festival d’eau vive de la Haute-Gatineau qui se tient toutes les années à Maniwaki depuis 18 ans.

Quand on pense que cela a commencé par une volonté de sauver la rivière d’un barrage, on ne peut s’empêcher d’avoir du respect pour des visionnaires qui ont su sauvegarder un bijou, tant pour les riverains que les amoureux de la pagaie, et les générations à venir !

Afin de vous faciliter la lecture, vous aurez quatre volets :

Volet 1 : Roger le maître Jedi de la pagaie
Volet 2 : Yann le téméraire
Volet 3 : Brigitte l’audacieuse
Volet 4 : Armelle la silencieuse

Je ne pouvais me résoudre à modeler les expériences qui ont été partagées. Il est surprenant de constater à quel point nous avons une vision unique des évènements. Notre quartet ne s’est pas quitté de la fin de semaine, et pourtant nous avons tous vécu ces trois jours différemment.

Commençons par celui qui rassemble, ramasse, éduque et dorlote ses canetons du KEV2 dans des eaux parfois tumultueuses.

Volet 1 : Roger le maître Jedi de la pagaie

Après ce gros week-end de Kayak avec une température exceptionnelle et des conditions idéales, je suis de retour pour écrire un article pour le CCKEVM.  La rivière était à un niveau de 8.5 et il avait au rendez-vous annuel environ 450 participants.

Comme toujours, beaucoup de canot et environ 15% des participants en Kayak, dont une grande partie était du CCKEVM. Moi, Roger Fillion, accompagnais des débutants de l’année 2014 qu’ils n’avaient que quelques mois d’expériences en kayak. Dans ce groupe trois n’avaient pas encore fait cette rivière et pour les autres, ils avaient déjà fait cette rivière à quelques reprises.

Nous avons eu beaucoup de plaisir et d’émotion lors de notre week-end. Je suis très surpris de  l’apprentissage de nos recrus, leurs déterminations et leurs contrôles est impressionnant. Ils ont tellement progressé au cours des derniers mois, c’est époustouflant. Déjà plusieurs ont commencé à avoir du plaisir et du confort même dans les plus gros rapides. J’ai vu des lignes moins bien réussi mais avec des esquimautages solides.

Je ne peux pas m’empêcher de souligner la détermination de Brigitte, Armelle et Yann qui m’ont suivie le dimanche dans le Class V de Grand Remous – « La gueule du Lion ». À la première descente, je pouvais lire l’hésitation sur le visage de plusieurs mais la détermination était présente.  Armelle a même réussi à faire une descente parfaite sans même avoir besoin d’esquimauter, WOW!

Après cette épreuve, je demande rapidement s’il y en a qui sont prêts à refaire une deuxième descente, et à ma grande surprise je suis forcer de les suivre. Superbe groupe, je vois que les liens qu’ils ont tissés entre eux sont exceptionnels.

Je dois aussi souligner le beau sourire de Brigitte, lorsqu’elle nous annonce que c’est son premier week-end sans nage. Félicitation Brigitte.

Yann ma énormément surpris par sa détermination, il esquimaute parfaitement des deux côtés déjà. Il n’hésite pas à sortir de sa zone de confort pour toujours apprendre un peu plus.

J’ai toujours le même sentiment, seul le kayak d’eau vive peut créer ce type de lien d’échange et de support. Ils ne sont même pas partis qu’ils discutent de la prochaine rencontre à Valleyfield et de la prochaine sortie à venir.

Volet 2 : Yann le téméraire

Continuons avec Yann, qui dès le début avait choisi de faire partie du groupe des crinqués du KEV2 et qui fait honneur à sa réputation.

Lors de mon KEV2 certains moniteurs parlaient de leurs expériences personnelles avec la rivière de la Haute Gatineau lors du festival de l’année précédente et j’avais trouvé leurs histoires assez drôles. Le fait est que la rivière n’était pas pour les débutants et qu’ils l’avaient passée sur les fesses tout le long du Festival. Leurs témoignages étaient vraiment venus me chercher d’une part parce qu’il n’y avait pas eu de conséquences et qu’il y avait de beaux moments en soirée pour festoyer la défaite contre la rivière. Après mon KEV 2 je n’ai pas vraiment eu la chance de pratiquer le kayak et de m’améliorer, mais j’ai tout de même décidé de m’inscrire au Festival et par la suite, essayé de me trouver un encadreur pour me guider à travers le Festival. Avec Brigitte et Armelle, nous avons réussi à nous trouver un encadreur à travers le club et nous avons même réussi à organiser le covoiturage pour sauver sur l’essence. Se faire parrainer dans un évènement d’une telle envergure est vraiment magnifique surtout pour moi, puisque je n’avais jamais participé à un festival d’une telle grosseur et j’ai vraiment apprécié le fait d’être en si bonne compagnie. Dès la première heure passée sur l’eau, nous avons été encadrés de façon intensive. Ce que je veux dire par-là, c’est que oui on faisait de la descente, mais aussi par la même occasion on pratiquait nos techniques, de façon à ne pas juste avoir du plaisir à être sur l’eau, mais aussi à peaufiner nos techniques et nos habiletés avec nos kayaks.  Ce qui a vraiment fait ma fin de semaine c’est que même en ayant chaviré je n’ai pas nagé, et que Roger  a vu un beau progrès dans mes techniques et mes habiletés. Et pour finir la fin de semaine en beauté, notre encadreur Roger nous a emmenés sur une partie de la Haute Gatineau appelée La gueule du lion à Grand Remous. Cette partie de la rivière était vraiment spectaculaire et nous avons tous tenté notre chance. Bien qu’elle ait eu raison de mon équilibre lors de mes deux tentatives j’ai tout de même gardé ma partie parfaite sans nage contre la Haute-Gatineau et je n’ai pas dit mon dernier mot à cette gueule du lion.

Au plaisir de vous avoir parlé de mon expérience et espérant vous croiser sur l’eau très bientôt.

Yann Archambault débutant (fort) cuvé 2014          

Volet 3 : Brigitte l’audacieuse

Poursuivons avec Brigitte, la référence en termes de sourire. Sans compter ce qui est devenu un classique dans ses expressions nautique : « OMG ». Un must quand on peut l’entendre live !

Montréal, le 25 août 2014

C’est la rentrée scolaire et un de mes souvenirs de la rentrée est qu’on devait souvent raconter ou écrire nos vacances d’été ou notre moment favori des vacances. Eh bien si j’avais à vous décrire mon moment favori de l’été 2014 ce serait sans contredit le Festival d’eau vive de la Haute Gatineau.

J’ai découvert le kayak d’eau vive à la fin de l’été 2013 avec un cours d’initiation chez KSF, puis j’ai suivi les cours en piscine avec le CCKEVM à l’hiver 2014. C’était bien les cours en piscine, mais le vrai défi a commencé au cours d’initiation en eau-vive fin mai 2014.

Alors le kayak d’eau-vive c’est tout un sport et puis le monde du kayak c’est du bon monde! J’ai fait plein de nouvelles rencontres de gens passionnés, dévoués et enthousiasmés de partager leur passion. Et d’autres novices comme moi animés par différentes motivations, mais qui partagent tous le même plaisir à apprivoiser ce sport extrême.

Au fil de l’été je navigue les rivières en essayant de maitriser toutes les techniques de ce sport extrême guidé par les précieux conseils de différents moniteurs et par le goût de l’aventure. Et puis je m’inscris avec quelques autres débutants que j’ai rencontrés lors de mon KEV2 au Festival d’eau-vive de la Haute-Gatineau, une dernière sortie accessible aux débutants comme moi pour la saison 2014.

L’ambiance du Festival était super cool! Des kayakistes, des canoteurs, des gens de tous âges qui apprécient passer une journée à descendre une rivière avec tous les défis qu’elle comporte.

Je me suis surpassée ce week-end-là ! Entre les précieux conseils prodigués par Roger Fillion et mon coach personnel Yann Archambault qui faisait partie de la gang des “crinqués” du KEV2 et qui me disait : «Brigitte: Pas de nage! ». Que d’accomplissements ce week-end. Alors les encouragements déterminés de mon coach ont portés fruits, car j’ai réussi tous mes esquimautages, je n’ai pas nagé de la fin de semaine ce qui est en soi déjà une grande première. Ensuite grâce aux bons conseils de Roger en lecture de rivière j’ai commencé à être plus à l’aise à faire moi-même mes lignes, à arrêter de suivre comme un caneton et aussi à tenter des manœuvres plus audacieuses pour un débutant!! J’ai monté sur l’épaule de « l’Agneau de Dieu » et aussi réussi la ligne dans « Le Mur »: passer derrière la vague de surf et traverser au bon endroit la tête au sec!! Quelle fierté j’ai ressentie…

Tout cela et le soir, bonne bouffe, bon vin, bonne compagnie quoi demander de mieux?

La cerise sur le Sunday de mon week-end : 2 descentes de la “Gueule du lion”!

Alors avant de se rendre à la gueule du lion mon coach me dit : « Brigitte si tu nages dans la gueule du lion c’est un freebie, ça ne compte pas dans ta fin de semaine pas de nage ». Et puis il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée, dès que l’on est assis dans nos kayaks, à quelques instants de la descente épique du rapide de classe V, Yann se retourne me regarde et me dit : « Brigitte pas de nage !». J’esquisse un sourire, mi-nerveuse, mi-excité et je réponds : « OK pas de nage! »

Je ne sais même pas comment vous le décrire… C’était simplement magnifique, grandiose. Je vous jure mon bateau s’est engagé dans le rapide et j’ai vraiment lâché un « Ohhh…… my…… God….! » au ralenti, pas de blague. C’était déjà impressionnant du haut du pont couvert, mais rien comme ce que tu vis en le descendant!  Tu commences à descendre, monte/traverse l’énorme champignon et là tu découvres que tu descends à toute vitesse dans les remous et puis par manque d’appuis hop là! je me retrouve la tête à l’envers encore en train de montrer le dessous de mon bateau, quelle indécence, mais voilà un petit esquimautage et le sourire fendu jusqu’aux oreilles j’y retourne!!!! 

Brigitte

Volet 4 : Armelle la silencieuse

Nous terminerons notre descente avec un soupçon de rébel-lion…

Contrairement à mes équipiers du KEV2, je connaissais l’évènement pour avoir eu la chance d’y participer pour la première fois l’année passée. Un ami extrémiste du canot m’avait invité à venir jouer avec lui sur l’eau. Ce que nous avons fait, il n’y a pas une vague que nous n’avons pas surfé. C’est d’ailleurs un peu là que la piqure de l’eau vive a refait surface.

Si vous vous enlignez vers votre 1ere édition, attendez-vous à un rassemblement de plusieurs centaines de personnes qui ont tous la même passion, l’eau vive. Pour eux c’est le happening de l’année, pour vous cela sera peut-être votre baptême, le genre qu’on n’oublie jamais, et qu’il faut vivre au moins une fois dans sa vie de pagayeur.

Il est vrai que les canots sont là en force, mais les kayakistes ne laissent pas leur place dans le show ! Cette année j’ai vu une belle licorne gonflable dans un canot qui chevauchait les rouleaux. Même au plein milieu des bouillons il y a place à l’expression artistique.

J’en étais à ma troisième fin de semaine sur cette rivière pour cette année, je savais donc à quoi m’attendre, mais les papillons me mangeaient pareil l’estomac, jusqu’à ce que Roger accepte de passer la fin de semaine avec notre trio. Là j’étais sereine sauf au sujet de Lucifer et Haute Tension qui étaient mes bêtes noires.

L’ambiance bon enfant et la participation de tous pour monter et descendre les embarcations des camions contribuent à rendre l’évènement unique. Des experts et des intermédiaires se partagent la rivière avec le sourire, chacun prend le temps de regarder les pagayeurs jouer de leurs atouts pour franchir les rouleaux et surfer sur les vagues. Je reste encore bouche bée devant ceux qui font des figures avec une aisance qui défie la physique. Notre Maître Jedi de la pagaie faisant partie de l’un d’entre eux !

Finalement  j’ai croisé le fer avec Lucifer, il aura eu gain de cause une fois et j’aurai gagné la partie l’autre fois. Ce que je considère comme équitable. Mais ma plus belle réalisation aura été d’être parvenue à ne plus avoir la peur au ventre d’une expérience passée où je me suis fait tellement brasser (dans un rouleau qui me gardait) que je n’arrivais même pas à dessaler. La seule vraie frousse que j’ai eue sur cette rivière. Ça, c’était mon exploit.

Puis, après avoir refusé plusieurs invitations pour sauter la petite chute au Corbeau, l’enthousiasme de Yann et les encouragements de Roger auront eu gain de cause. J’étais comme inquiète parce que j’avais vu des experts se faire manger par le rappel en bas de la chute et des kayaks danser sans leur capitaine pendant de longues minutes. J’avais besoin de trois ingrédients pour réussir : trajectoire, vitesse, angle et boof. J’ai manqué de vitesse et malgré un bon boof, mon sort était scellé. Trois p’tits tours qui brassent pas mal et puis s’en vont pour dessaler. Mon kayak m’a suivi une minute après, c’était son baptême de battage en solo !

Et pour faire honneur à la catégorie des dé-but-temps, j’ai nagé deux fois par jour. Histoire de me rafraichir un peu et de me fâcher contre moi parce qu’en eau calme je roule quasiment comme une loutre. Enfin j’exagère un peu …

Pour finir avec la cerise sur le Sunday (oui nous étions dimanche), Roger nous invitait à descendre dans la Gueule du Lion qui porte si bien son nom ! Un magnifique pont couvert le surplombe. Quand nous avons stationné les voitures, juste le bruit du rugissement de l’eau me donnait froid dans le dos. Puis, en avançant dans le pont couvert pour se rendre au spot qui surplombe l’une des seules passes de ce classe V, Roger m’interdisait de regarder. Il voyait dans ma face que je chokais. Il avait beau expliquer la ligne et donner les directives, nous rappeler que cela se passerait si vite qu’on n’aurait pas le temps de réaliser grands choses, j’voulais pas y aller. Il n’y avait que Roger qui pouvait me convaincre avec sa légendaire question : « est-ce que tu me fais confiance ? T’es capable ». Me demandez pas comment j’ai fait pour passer la tête au sec la première shot. Le petit lion en moi a rugi plus fort que le gros en dehors ! Ben non, c’était juste un coup de chance. Le taux de réussite est de 20%, j’appelle cela la chance du débutant. La deuxième shot, là le molosse c’est repris et la formule : fatigue de la fin de semaine, esquimautage so-so dans les bouillons et lavage de sinus aura eu gain de cause, j’ai nagé. Mais je dois tout de même tirer mon chapeau et plus précisément ma pagaie à Roger pour avoir insisté. Je n’avais encore jamais vécu une telle sensation dans mon kayak. Monter sur un énorme champignon et ensuite descendre dans une vraie gueule de lion qui vous mange tout cru !

Comme le mentionnait Roger, on ne passe pas au travers de tant d’émotions sans créer des liens solides. C’est cela aussi le kayak, tisser une toile empreinte de toutes nos sensations et la coudre avec le fil de la confiance et de l’amitié. Et c’est encore plus plaisant lorsqu’on entend ses compères qui racontent leur aventure avec des yeux qui pétillent autant qu’un enfant devant une vitrine de jouets. Priceless !

Armelle